Au cours d'un voyage de presse avec l'Orchestre National de Lorraine qui donnait un concert à l'Opéra Royal de Versailles le 27 mars 2011, j'ai rencontré, avec l'amicale complicité d'Alicia Hiblot (Mirabelle TV), la chanteuse Natalie Dessay qui y exerçait son art en compagnie de son époux, le baryton Laurent Naouri.
Tous les couples lyriques ne se produisent pas ensemble sur scène. C'est même assez rare pour les époux Dessay-Naouri, parents de deux enfants : ils préfèrent alterner leur présence auprès d'eux qu'enchaîner les contrats communs.
Trac
C'est une jeune femme tendue, fatiguée que nous retrouvons dans sa loge, juste après le raccord et une heure avant le début du concert. Elle est déjà en costume de scène : un jupon à volants rose fuchsia que recouvre partiellement une robe de satin noire. La diva a le trac, toujours. De plus, elle revient de New York où elle jouait Lucia Di Lamermoor. La soprano souffre encore du jet lag. Elle n'aime pas les photos: celle que je prends d'elle devant son miroir restera dans mon appareil, je promets de ne pas m'en servir. Elle vérifie son image dans l'écran de contrôle de la caméra. La lumière ne convient pas, trop blanche. Il faut déplacer le fauteuil, fermer puis rouvrir les volets, éteindre puis rallumer la lumière... On trouve finalement un compromis, l'interview peut démarrer. On parle de trac, tout à trac. Les yeux verts s'apaisent, puis sourient. Pas de technique d'entretien particulier pour l'instrument de travail de la chanteuse, son corps. Tel Churchill, elle s'exclame : « Sport ? No ! Never ! » en anglais dans le texte. Mais elle ne serait pas contre le yoga qui l'aiderait à avoir moins mal au dos, surtout depuis qu'elle a commencé l'équitation.
Deux bonnes raisons
Natalie Dessay n'aime pas les concerts. Ce qu'elle aime, c'est l'opéra, jouer la comédie, susciter des émotions non seulement par sa virtuosité de cantatrice, à propos de laquelle les critiques ont parlé de « pyrotechnie vocale », mais aussi par son jeu, ses déplacements, l'incarnation sincère de ses personnages. Dimanche à Versailles, c'est pourtant un concert qu'elle donnait sous la direction de Jacques Mercier.
Il faut toujours au moins une bonne raison pour convaincre la cantatrice de chanter debout à côté d'un chef, avec pour seul instrument de transmission émotionnelle sa voix. Cette fois, elle a deux bonnes raisons de faire ce concert, qui sera réitéré demain, mardi 29 mars, à l'Arsenal :
non seulement elle y retrouve le chef de l'O.N.L. qui l'a fortement aidée à percer dans le domaine lyrique, dans les années 90, alors qu'elle n'était pas du tout connue, mais encore elle y chante avec son partenaire de vie à la ville, Laurent Naouri.
Et la musique, dans tout ça ?
En écouter à la maison ? Jamais ! Quelle horreur. Ou alors Bach ou encore du jazz qu'elle ne peut pas non plus interpréter : sa voix est trop fluette. Elle se dit avant tout interprète, pas créatrice, car elle ne sait pas improviser.
Mais l'heure tourne, nous nous retirons pour laisser se reposer la dame à la voix soi disant « petite », l'enchantement sera au rendez-vous, sous les ors de l'Opéra royal de Versailles.
Programme
Ses rôles rêvés ? Salomé de Richard Strauss et Lady MacBeth de G. Verdi. Ce ne seront que des rêves, car elle n'a pas la voix pour :
Au programme de ce soir : l'ouverture du Carnaval Romain de Berlioz, des extraits de Hamlet d'Ambroise Thomas, né à Metz, et en 2è partie l'ouverture de la Force du destin de Verdi et des extraits de La Traviata, l'un des rôles préférés de Natalie Dessay à l'opéra. Je ne dévoilerai pas le « bis »: à vous d'applaudir suffisamment fort et longtemps les musiciens et les chanteurs pour y avoir droit !
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